• 24 novembre 2021

  • Jean-Michel Gurret

  • 24 novembre 2021

  • Jean-Michel Gurret

De l’héritabilité épigénétique à la reconsolidation des mémoires

De l’héritabilité épigénétique à la reconsolidation des mémoires  Lors de l’ouverture du Congrès sur le Trauma et l’attachement organisé par Quantum-Way du 21 au 25 avril 2021, Jean-Michel Gurret est intervenu sur le thème “de l’héritabilité épigénétique à la reconsolidation des mémoires”. Jean-Michel est psychothérapeute et co-fondateur de Quantum-Way. Il est également fondateur de l’IFPEC, l’institut francophone de psychothérapie émotionnelle et cognitive qui est sponsor de ce congrès. Voici l’essentiel de son intervention. Jean-Michel Gurret a été l’une des chevilles ouvrières de la rédaction d’un livre sur le thème de « l’héritabilité épigénétique » avec la professeure Isabelle Mansuy et qui traite entre autres de la transmission des traumatismes de génération en génération. Un sujet peu connu qui permet d’expliquer certains troubles chez des individus qui n’ont pas de vécu traumatique. Isabelle Mansuy est professeure titulaire en neuro épigénétique à la Faculté de médecine de l’Université de Zurich et également à l’École Polytechnique fédérale de Zürich où elle mène des recherches sur l’hérédité épigénétique. Elle dirige un laboratoire dans lequel elle étudie la transmissibilité de certains traumas de génération en génération et ce qu’elle a observé c’est qu’en fonction de la nature des traumatismes, certains d’entre eux s’enregistrent dans les […]

De l’héritabilité épigénétique à la reconsolidation des mémoires 

Lors de l’ouverture du Congrès sur le Trauma et l’attachement organisé par Quantum-Way du 21 au 25 avril 2021, Jean-Michel Gurret est intervenu sur le thème “de l’héritabilité épigénétique à la reconsolidation des mémoires”. Jean-Michel est psychothérapeute et co-fondateur de Quantum-Way. Il est également fondateur de l’IFPEC, l’institut francophone de psychothérapie émotionnelle et cognitive qui est sponsor de ce congrès. Voici l’essentiel de son intervention.

Jean-Michel Gurret a été l’une des chevilles ouvrières de la rédaction d’un livre sur le thème de « l’héritabilité épigénétique » avec la professeure Isabelle Mansuy et qui traite entre autres de la transmission des traumatismes de génération en génération. Un sujet peu connu qui permet d’expliquer certains troubles chez des individus qui n’ont pas de vécu traumatique. Isabelle Mansuy est professeure titulaire en neuro épigénétique à la Faculté de médecine de l’Université de Zurich et également à l’École Polytechnique fédérale de Zürich où elle mène des recherches sur l’hérédité épigénétique. Elle dirige un laboratoire dans lequel elle étudie la transmissibilité de certains traumas de génération en génération et ce qu’elle a observé c’est qu’en fonction de la nature des traumatismes, certains d’entre eux s’enregistrent dans les cellules reproductrices se transmettent à toute la descendance jusqu’à 5 générations au moins.

L’épigénétique en plein essor

Le préfixe « Épi » signifie « au-dessus », donc l’épigénétique c’est ce qu’il y a au-dessus de la génétique. Cette branche de la génétique est en plein essor et s’intéresse à l’ensemble des facteurs qui agissent et régulent nos gènes. 

Vous connaissez la génétique avec à l’origine les travaux de Gregor Mendel sur les petits pois, puis ceux du généticien danois Wilhem Johannsen qui a baptisé du nom de gènes à ce que Mendel avait appelé les « facteurs » pour désigner ce qui se transmet d’une génération à une autre. Avec la découverte par Francis Crick et James Watson de la double hélice de l’ADN en 1953 s’ouvre l’ère de ce qu’on a appelé le « dogme centrale de la génétique ». C’est à dire qu’à partir de ce moment  le monde scientifique considère que les gènes contiennent les codes qui contrôlent la vie : nous sommes ce que nous sommes et nous faisons ce que nous faisons parce ce que nous sommes nés comme ça : nous sommes déterminés. 

Sir Francis Crick va même plus loin et dans son livre « l’hypothèse stupéfiante, il écrit : « vous, vos joies et vos peines, vos souvenirs et vos ambitions, votre sens de l’identité personnelle et votre libre arbitre, sont en fait rien de plus que le comportement d’une vaste assemblée de cellules nerveuses et de leurs molécules associées ». En quelque sorte, personne ne peut échapper à son destin génétique. Ça fait froid dans le dos…

Mais comme le dit Bruce Lipton, biologiste cellulaire : « on a longtemps cru que nous étions des automates génétiques, que les gènes contrôlaient notre vie, que nous en étions les victimes… L’épigénétique est la science qui montre que les gènes ne s’auto-contrôlent pas, mais qu’ils sont contrôlés par l’environnement. »

On sait bien que chacun d’entre nous possède des caractéristiques propres qui lui viennent des gènes hérités de sa mère mélangés à ceux hérités de son père, et qui le définissent tel qu’il est. C’est pourquoi entre parents et enfants les ressemblances sont parfois frappantes : un père et son fils peuvent avoir les mêmes yeux, le même nez, le même sourire, voire la même silhouette, le même gabarit. 

Les vrais jumeaux sont identiques génétiquement et sont les mêmes physiologiquement mais seulement au tout début de leur vie, lors des premières divisions de l’ovocyte fécondé. Ils vont, avant même la naissance puis au fil des années de vie, acquérir des différences notables, tant sur le plan physique que psychologique. Ces différences dépendent d’un ensemble de facteurs divers tels que les conditions intra-utérines, les conditions de vie après la naissance, l’alimentation, le stress… Ces facteurs vont influencer les gènes en leur permettant de s’exprimer ou non. On dit qu’ils vont agir sur l’épigénome. 

Arrivés à l’adolescence, on constate parfois des différences énormes entre les jumeaux monozygotes, l’un pouvant être mince et l’autre obèse, l’un normal et l’autre schizophrène ou souffrant de dépression sévère.

Alors bien sûr, ce qui définit un individu c’est son génome, c’est-à-dire sa carte d’identité génétique. Mais pas seulement. Le code génétique seul n’explique pas tous nos traits physiques et nos traits de caractère. Pourquoi ? Parce qu’en réalité, nous sommes beaucoup plus que notre simple code génétique. Nous sommes aussi notre code « épigénétique ». 

Contrairement à ce que l’on a longtemps dit ou cru, nos gènes ne sont pas les seuls à déterminer nos caractéristiques : les facteurs épigénétiques entrent en ligne de compte. 

Chacun d’entre nous  est en effet fortement influencé par ce qui l’entoure, son « environnement », c’est-à-dire les expériences qu’il vit, les aliments qu’il mange, l’air qu’il respire, les émotions qu’il éprouve… L’ensemble de ces facteurs environnementaux exerce un rôle fondamental sur notre comportement, nos fonctions physiologiques, notre susceptibilité aux maladies, voire notre longévité… 

Qu’est-ce qui explique la différence entre les vrais jumeaux qui, pourtant, selon la génétique, ont tout pour être strictement similaires ? C’est l’environnement dans lequel ils ont grandi et dans lequel ils sont baignés. Celui-ci est différent, car même s’ils sont très proches, il est peu probable que chaque jumeau ait fait exactement les mêmes choses au même moment, entretenu les mêmes relations, vécu les mêmes expériences et ressenti les mêmes sentiments. Ce sont tous ces facteurs qui vont expliquer leurs différences physiologiques, comportementales ou encore relationnelles. 

Mais l’influence de l’environnement ne s’arrête pas là. Il est possible de le considérer d’encore plus loin et de concevoir que nous sommes aussi le résultat de l’environnement de nos ancêtres. Les facteurs environnementaux ne sont pas seulement capables d’avoir une influence sur notre propre organisme, mais peuvent aussi vraisemblablement agir sur celui de nos descendants. 

Cette influence s’exerce non pas directement sur le génome lui-même encore une fois, mais par le biais de facteurs épigénétiques qui se transmettraient à nos enfants, tout comme nos gènes. En clair, ce que votre père ou même votre grand-père a mangé peut avoir une influence sur votre état de santé à vous aujourd’hui. Tout comme les toxiques auxquels aura été exposée votre mère, ou encore les traumatismes qu’ont vécus vos grands-parents. 

Est-ce à dire que nous ne pouvons rien y faire ? Non, au contraire ! Si nous ne sommes pas totalement déterminés par nos gènes, cela signifie qu’il existe une part de nous qui n’est pas déterminée mais qui peut être modifiée ou corrigée. En effet, contrairement au code génétique qui est immuable et non manipulable, l’épigénome est dynamique, modulable et corrigeable. Nous pouvons agir sur notre environnement, si nous en avons conscience et si nous nous donnons les moyens de le faire. Il suffit de le décider. Il n’y a pas de fatalité du génome et c’est une excellente nouvelle. L’épigénétique bouscule cette croyance jusque-là bien établie et ouvre un champ des possibles passionnant et porteur de nouveaux espoirs. 

Par exemple, supposons  qu’un femme ou un homme soit exposé(e) de façon répétée à un facteur environnemental particulier comme des conditions de stress, une alimentation déséquilibrée ou, à l’inverse, un milieu social aisé ou une pratique sportive assidue. Son organisme entier pourra être influencé par ces facteurs, c’est-à-dire toutes les cellules de son corps, les cellules somatiques (cerveau, foie, peau…), ainsi que les cellules reproductrices. Cela conduira à des modifications de leur physiologie, de leur comportement et, dans le cas de facteurs d’exposition défavorables, éventuellement à des dysfonctionnements et des maladies. Ces expériences de vie ont donc un effet direct sur l’individu adulte exposé, c’est une exposition de première génération ; 

Si les cellules reproductrices de cette femme ou de cet homme sont affectées, c’est-à-dire si leur épigénome a été altéré, de façon transitoire ou permanente, et si cette femme ou cet homme conçoit un enfant alors que ces altérations sont présentes dans l’ovocyte ou le spermatozoïde, cet enfant est susceptible d’hériter des altérations. Par conséquent, il pourra développer les mêmes symptômes physiologiques ou comportementaux que son parent exposé. Cela résulte de l’exposition de la future deuxième génération (les gamètes) dans le corps de la première génération. 

Si la femme exposée attend un enfant, la troisième génération peut, elle aussi, subir les conséquences de l’exposition car le fœtus lui-même aura déjà des cellules reproductrices en formation exposées indirectement aux facteurs environnementaux rencontrés par sa mère, via le placenta. Ces facteurs sont donc susceptibles de toucher ses futures gamètes. 

Lorsque le bébé sera né, qu’il aura grandi et qu’il sera devenu adulte et aura des enfants, ses cellules reproductrices peuvent ainsi transmettre à leur tour ces altérations à la génération suivante. Altérations qui, rappelons-le, viennent de l’exposition directe des grands-parents, et ont été transmises aux parents.

En laboratoire, il est possible de tester la notion d’héritabilité épigénétique grâce aux animaux, notamment les rats ou les souris. Et c’est une partie du travail d’Isabelle Mansuy. “Le concept d’héritabilité épigénétique transgénérationnelle, nous apprend-elle, repose précisément sur ce principe : la possibilité que les cellules reproductrices et leur « gravage » par des modifications épigénétiques induites par l’exposition soient persistantes et perpétuées de génération en génération”

On sait aujourd’hui que cela dépend de plusieurs facteurs notamment : 

  • le type d’exposition environnementale impliquée. Un traumatisme violent ne va pas induire les mêmes altérations épigénétiques qu’une alimentation déséquilibrée ou  que des perturbateurs endocriniens, par exemple ; 
  • la chronicité et la sévérité de l’exposition, c’est-à-dire si le traumatisme survient une seule fois ou est s’il est répété, et si cette exposition est légère ou prononcée ; 
  • l’âge pendant l’exposition, un enfant étant de façon générale plus sensible – notamment durant la période d’attachement –  qu’un adulte ; 
  • la vie de l’individu après exposition, c’est-à-dire la présence dans son environnement de conditions aidant éventuellement à corriger ou à amplifier les effets de l’exposition. 

Une des différences importantes entre l’hérédité génétique et l’hérédité épigénétique est le degré de transmission à la progéniture. En génétique classique, une caractéristique liée à l’une des deux copies d’un gène, chez un des parents n’est transmise qu’à la moitié au maximum des descendants et se « dilue » donc au cours du temps, car chaque descendant ne reçoit qu’une seule copie de ce gène du parent affecté. Au contraire, une caractéristique épigénétique peut être transmise à tous les individus, sans « dilution » car elle peut être « copiée » d’un gène qui la porte à un autre qui ne la porte pas. Ainsi, lorsqu’une marque épigénétique est altérée, tous les descendants peuvent en hériter. 

Et c’est en cela que les toutes premières interactions avec les personnes qui se sont occupées de nous depuis notre naissance sont aussi importantes. La notion d’attachement est au cœur de la relation thérapeutique. Elle est fondamentale lorsque l’on parle de traitement des traumas. La question qui se pose maintenant c’est de savoir s’il est possible de traiter les traumas les plus sévères, qui se sont passés dans l’enfance, qui se sont répétés voir ceux qui nous ont été transmis par nos parents, nos grands parents, voir avant.

La juste réhabilitation de Pierre Janet

La question qui se pose maintenant c’est de savoir s’il est possible de traiter les traumatismes les plus sévères, notamment ceux qui se sont passés dans l’enfance, qui se sont répétés, voir ceux qui nous ont été transmis par nos parents, nos grands parents, voire avant. L’épigénétique nous dit oui. Et le phénomène que nous appelons la reconsolidation des mémoires nous dit également oui.

Il faut reconnaître, en préalable, qu’en matière de traitement des traumatismes ont vient de loin, si je peux m’exprimer ainsi. Dans la prise en charge du trauma, des concepts plus anciens, issus de la psychanalyse, comme le refoulement et le clivage ont longtemps occupé le devant de la scène, à tel point que l’on considérait que ce n’était même pas le trauma qu’il fallait traiter.

Comme le rappelle Marianne Kédia et Baptiste Alleaume, dans l’aide mémoire de la Psycho-traumatologie chez Dunod, à la fin du XIXème siècle, la psychiatrie française exerçait une influence internationale importante. Jean-Martin Charcot en 1887 parlait déjà de son côté de « choc nerveux » traumatique qui plonge le patient dans un état second comparable à l’hypnose. Charcot est ainsi le premier à souligner l’importance des manifestations dissociatives et propose à Pierre Janet de poursuivre ses recherches sur le sujet. Janet en 1889 développe alors une théorie proche de celle du neurologue américain James Putnam. 

Selon Janet, le psychisme confronté à une situation terrifiante peut devenir temporairement incapable de gérer ce que l’on appellerait aujourd’hui ses « croyances et ses pensées » préexistantes aux émotions associées à cette situation. Les souvenirs de ces expériences ne peuvent pas être intégrés à la conscience : ils en sont alors mis à l’écart, dissociés, et échappent au contrôle volontaire. Le sujet est dissocié parce que ses capacités mentales sont affaiblies par de fortes émotions qui altèrent sa capacité à intégrer les pensées dans la conscience. 

Cette théorie a un retentissement considérable dans le monde entier à l’époque. De très nombreux spécialistes poursuivront ce courant de pensée dont Jean Piaget ou Carl Jung. Ils considèrent alors la dissociation comme la cause principale donnant naissance aux symptômes traumatiques. Dès lors, ils privilégient la synthèse et l’intégration comme méthodes thérapeutiques. 

Malheureusement, le courant initié par Pierre Janet a été oublié durant de nombreuses décennies au bénéfice de la théorie freudienne. Freud, qui pourtant au départ reconnaissait l’importance des travaux de Janet, va abandonner l’idée que la dissociation soit le concept central dans la névrose traumatique. À la différence de Janet, il explique que l’hystérie résulte d’une répression active des pulsions sexuelles et agressives se concentrant autour du complexe d’Œdipe. 

“La psychiatrie française, constatent Marianne Kédia et Baptiste Alleaume, a alors eu tendance à ignorer les traumas réels au profit de la théorie du fantasme. Ainsi, de 1895 jusqu’aux années 1980, quasiment aucune étude sur les effets des traumatismes sexuels chez les enfants n’a été menée, à l’exception de l’œuvre majeure de Sándor Ferenczi, célèbre disciple de Freud.

Depuis les années 1980 et sous l’influence de la recherche anglo-saxonne, l’œuvre de Janet et le rôle de la dissociation sont à nouveau considérés comme majeurs au niveau international.

L’espoir de la reconsolidation des mémoires

La reconsolidation des mémoires est un concept récent, du début des années 2000 qui se base sur les neurosciences de pointe. Jusqu’alors on croyait que certains traumatismes étaient indélébiles, gravés à vie à l’intérieur des cellules du cerveau et du corps de la victime, ou que certains schémas acquis dans l’enfance ne pouvaient être changés. En résumé, on faisait de la thérapie pour apprendre à vivre avec son traumatisme et non pour le traiter et aider la personne à reprendre le cours normal de sa vie. 

Heureusement la reconsolidation des mémoires nous apprend qu’il est possible de déverrouiller les apprentissages émotionnels les plus profonds et que pour se faire il faut respecter trois phases : 

1) la réactivation du souvenir traumatique dans le cadre de la fenêtre de tolérance, donc en contenant le patient 

2) faire vivre à la personne une expérience contradictoire intense et 

3) répéter cette exposition et cette expérience contradictoires intense jusqu’à l’apparition du phénomène de « dé-potentialisation synaptique ». C’est-à-dire que les connexions neuronales crées lors du traumatismes lâchent. Le trauma est alors digéré, intégré dans l’histoire de vie.

Pendant longtemps on a cru que la mémoire était un processus figé. En fait, c’est tout l’inverse : la mémoire est dynamique et n’a rien à voir avec un meuble dans lequel on rangerait nos souvenirs sous la forme de films gravés sur des DVD. En réalité, nos souvenirs sont en constante évolution et les interventions thérapeutiques peuvent les modifier de manière durable. Ainsi, lorsque l’on repense à un souvenir traumatique, en ressentant de l’émotion mais sans être débordé, on le réactive et en même temps on le rend instable. On peut alors le modifier pour qu’il cause moins de souffrance, voire qu’il n’en cause plus du tout. 

Et pour pouvoir le modifier, il faut que la personne vive en même temps une expérience émotionnelle intense qui vienne contredire celle ressentie lors du traumatisme. Et il faut répéter cette opération jusqu’à ce que certaines connexions neuronales cèdent, et se reconfigurent différemment.

En d’autre termes, la victime d’un traumatisme, après un traitement réussi, pourra se remémorer ce souvenir sans vivre les émotions douloureuses qu’elle vivait avant sa thérapie. Le souvenir qui avait été “consolidé” une première fois dans sa mémoire à long terme, et ainsi convoqué dans le présent, il est désactivé ou reprogrammé émotionnellement. Puis, il est rangé la nouveau dans la mémoire à long terme. Si dans le futur, la personne choisit d’en parler à nouveau, de se connecter une nouvelle fois à ce souvenir, elle ne ressentira plus d’émotion négative. C’est ce phénomène que l’on nomme la reconsolidation des mémoires et qui permet de traiter une fois pour toutes les traumatismes les plus sévères.

REM : la reconsolidation énergétique des mémoires

REM est un nom générique qui décrit le phénomène de reconsolidation de la mémoire en utilisant des techniques énergétiques. C’est -à-dire que le moyen de provoquer une “expérience contradictoire intense” est apporté par les stimulations manuelles, répétées et consécutives de différents points d’acupuncture que l’on utilise en EFT par exemple. Deux études réalisées entre 2000 et 2010 à la faculté de Médecine de Harvard ont mis en évidence que les stimulations de points d’acupuncture choisis permettait de calmer les amygdales cérébrales, c’est à dire la partie du cerveau qui détecte les menaces et perçoit le danger. Ainsi, avec la version de base de l’EFT Clinique, la personne est accompagnée par son thérapeute à parler de l’événement traumatique qu’elle a vécu tout en stimulant elle-même des points sur son corps. 

Il est essentiel que l’exposition soit maîtrisée par le thérapeute pour que la personne accompagnée reste dans une fenêtre de tolérance émotionnelle, c’est-à-dire qu’elle ne soit pas submergée par son émotion. Plusieurs techniques permettent de contenir les montées émotionnelles. Les stimulations digitales que l’on appelle couramment les “tapotements” permettent de contenir et de libérer le trop plein d’émotions ainsi que les émotions qui ne sont plus adaptées à la situation présente.

Avec les méthodes de base classiques comme l’EFT, la personne accompagnée est souvent spectatrice de l’événement comme si elle regardait une image du passé ou un film, projeté dans sa tête. En utilisant l’EFT d’une manière plus évoluée, il est possible de combiner cet outil  avec les modèles thérapies des états du moi, et ainsi travailler directement sur les différentes parties qui s’opposent à l’intérieur de nous. Lorsque nous sommes la proie de conflits à l’intérieur de nous, ce sont en fait des états du moi qui ont des opinions divergentes, des parties qui s’affrontent ou des désirs différents qui s’opposent. Plusieurs modèles représentant la psychologie humaine décrivent un système en plusieurs parties, que ce soit Freud (Moi-Surmoi-Ça) ou Jung (les sous-personnalités, les archétypes) et d’autres modèles plus récents : Eric Berne en Analyse Transactionnelle (AT), Watkins, Schwartz (IFS), tous semblent décrire l’existence de structures mentales stables qui persistent au cours du temps.

La remodélisation énergétique des mémoires nous permet d’identifier les différentes parties que nous avons en nous et qui se retrouvent impliquées dans le maintien d’un traumatisme, de douleurs chroniques ou d’un comportement inadapté.

Ces parties qui sont souvent dissociées ont des fonctions bien spécifiques, en particulier celle du critique intérieur, cette voix constamment en train de nous juger, évaluer, qui souvent sabote nos désirs et envies. Ce repérage nous permet alors une plus grande précision dans le choix des cibles de traitement et se traduit par une plus grande efficacité. 

Dans ce suivi thérapeutique,au lieu de rester spectatrice de son image ou de son film, la personne accompagnée devient alors actrice d’une pièce de théâtre, elle est invitée par le réalisateur-thérapeute à monter sur scène pour réconforter et libérer émotionnellement son double plus jeune, porteur du traumatisme et qui est resté figé dans le temps.

Quand ce travail sera terminé, la personne accompagnée sera invitée à reprendre sa place dans la salle face à la représentation de l’événement, à considérer alors le changement opéré sur scène et si le nouveau spectacle lui semble ajusté en tous points, à l’intégrer dans son système énergétique. Le traitement du souvenir douloureux est alors terminé, il est reconsolidé c’est à dire intégré sans charge émotionnelle dans la mémoire du patient et intégré dans l’histoire de vie de la personne.

En conclusion, nous pouvons considérer que l’épigénétique et la reconsolidation des mémoires  nous apportent un double message : même si dans certains cas nous pouvons hériter des traces ou des cicatrices émotionnelles de nos ancêtres, il est possible de nous en libérer et de reprendre le contrôle de nos vies. A tout moment, il est donc possible de modifier notre mode de vie en traitant nos traumatismes, en réparant nos déficits d’attachement, en agissant sur notre niveau de stress. Nous ne sommes pas victimes de nos gènes, nous avons le pouvoir d’allumer les « bons gènes » et d’éteindre, de réduire au silence les « mauvais gènes ».

Jean-Michel Gurret

Photo de profil - Jean-Michel GURRET

Auteur de l’article

Jean-Michel Gurret est psychothérapeute « officiel », inscrit sur le fichier Adeli, formé en TCC (Thérapies Cognitivo-comportementales), expert en EFT Clinique et spécialiste en psychologie énergétique. Fondateur et Président de l’IFPEC, la première école française de formation à l’EFT Clinique, Jean-Michel Gurret est inscrit au registre des psychothérapeutes, auteur de plusieurs livres, conférencier et formateur certifié en Emotional Freedom Techniques (EFT).

Partagez l’article sur les réseaux :

Afficher les commentaires

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Découvrez nos formations

Nous vous accompagnons dans l’ensemble de vos demandes,
nos équipes seront à vos côtés pour vous épaulez.

Articles associés