De nombreuses personnes sont intriguées par l’EFT et ses fameuses stimulations digitales, couramment appelées tapotements, et se demandent comment se déroule une séance d’EFT Clinique. Dans cet article, Emilie Volo Praticienne en EFT clinique, formée au sein de l’IFPEC (1), et infirmière en psychiatrie détaille une prise en charge qui s’est déroulée en 1 séance express avec une patiente souffrant d’une dépression réactionnelle à ses cauchemars en lien avec un viol durant l’adolescence.
Une patiente âgée de 60 ans souffre d’une dépression réactionnelle à ses cauchemars où elle revit son viol subi à l’âge de 14 ans. Ses cauchemars sont apparus suite à un évènement familial et durent depuis 10 mois. Ses nuits agitées avec ses violents cauchemars provoquent une asthénie, une altération de l’état général, des idées noires et parfois des idées suicidaires. L’objectif comportemental de la patiente est d’arrêter ses violents cauchemars en lien avec son agression pour retrouver un bon sommeil et sortir de sa dépression. Cet objectif a été posé en amont grâce à un travail psychothérapeutique lors de son hospitalisation en psychiatrie.
Psychopédagogie sur la technique de l’EFT Clinique
Pour commencer la séance, la thérapeute explique à la patiente le déroulement de la séance, l’outil EFT et ses mécanismes de la manière suivante : « l’EFT consiste à faire une reprogrammation de votre mémoire en vous exposant en toute sécurité à votre traumatisme. De cette manière nous allons progressivement l’apaiser et invalider vos émotions douloureuses associées à l’agression que vous avez vécu adolescente. Cette reprogrammation se fait par des stimulations de points d’acupression que vous ferez vous-même sur votre visage, votre buste et vos mains. Nous appelons l’ensemble des stimulations des « rondes » et nous allons répéter ces rondes tout au long de la séance. L’EFT élimine ainsi rapidement des anciennes voies neuronales du souvenir douloureux et en établira de nouvelles ».
L’EFT permet en effet de contenir les émotions négatives puis de les libérer, de les éliminer, grâce aux stimulations des points d’acupression. Le souvenir de ces émotions en lien à ce viol est stocké dans la mémoire émotionnelle, notamment les amygdales cérébrales. On considère en psychologie énergétique que ces expériences émotionnelles négatives découlent de blocages dans le système énergétique corporel et notamment les méridiens d’énergie qui parcourent le corps. Cette procédure de stimulations digitales équilibre et réaligne en douceur le système énergétique corporel en débloquant le ou les méridiens concernés.
Exposition au traumatisme
Puis la praticienne reconnecte en douceur la patiente à son traumatisme en associant si possible sens (les images, les odeurs, les sons, les couleurs, les sensations…). La patiente se remémore la scène avec son agresseur et reconnecte avec sa souffrance de manière maîtrisée, dans le cadre de la fenêtre de tolérance. La thérapeute l’invite alors à exprimer ses émotions et ses ressentis physiques après cette immersion. Quelle émotion négative est réactivée et reliée à ce souvenir ? Au début, la patiente exprime la peur de mourir (son agresseur avait un couteau) et en fin de séance elle ressent de la colère contre son agresseur.
Les ressentis physiques sont intenses : contractures musculaires dans tout le corps. « J’utilise une échelle d’intensité émotionnelle de 0 à 10 pour savoir quel est son ressenti à l’idée de raconter son viol. Cette échelle est un indicateur important qui est utilisée tout au long de la séance », explique Émilie. Précisons que 0 = pas d’émotion et 10 = le maximum d’émotion que la patiente puisse supporter. Ce souvenir met en avant des croyances négatives (cognition négative) sur ce que la patiente pense d’elle.
« Je guide ma patiente pour stimuler les bons points. Je stimule les points sur moi et vérifie que la patiente fait de même, poursuit-elle.
Traitement du traumatisme
La praticienne et sa patiente commencent par faire des respirations profondes avec des rondes de tapping sans parler car cette dernière est activée fortement par ce souvenir. Emilie souhaite ainsi la maintenir dans sa fenêtre de tolérance pour pouvoir retraiter efficacement ce souvenir avec le plus de confort pour la patiente.
La thérapeute poursuit sa séance : « ensuite, j’utilise une des techniques de l’EFT « l’histoire racontée » pendant laquelle la patiente décrit l’évènement. Cette technique répond aux besoins de la patiente. Je lui demande de commencer son souvenir à un moment où tout va bien. La patiente me raconte et je lui demande de s’arrêter sur la première image négative douloureuse. Les images les plus douloureuses sont traitées les unes après les autres. On fait des rondes de tapping sur chaque image en associant des mots, des phrases de la patiente. J’évalue régulièrement les progrès avec l’échelle.
Quand la première image négative est traitée, la patiente revient à l’endroit neutre et déroule à nouveau l’histoire. Elle repasse sur la première image douloureuse et s’il n’y a plus de charge émotionnelle, on continue l’histoire pour s’arrêter sur la deuxième image douloureuse. Si la patiente a toujours des ressentis négatifs, on reste sur celle-ci et on continue de la traiter.
À chaque début d’image, on fait des rondes sans parler au vu de sa souffrance morale. J’utilise souvent les points d’urgence (sous la clavicule) qui apaisent ses ressentis physiques et émotionnels en lien avec la peur de mourir (agresseur avec un couteau). Quand on finit de traiter la cinquième et dernière image, la sensation de peur de mourir a disparu pour faire place à de la colère contre son agresseur.
Grace à la technique du volcan au cours de laquelle la patiente exprime sa colère contre son agresseur, elle fait sortir les pensées les plus profondes sans censure. Elle s’abandonne entièrement à sa colère tout en stimulant le point du foie (sous la poitrine) qui permet d’accompagner cette colère. Elle va hurler contre son agresseur. La patiente s’est libérée de cette lourde charge émotionnelle avec cette technique. La patiente pleure beaucoup pendant la séance, cela traduit à la fois la forte charge émotionnelle qu’elle ressens et montrer aussi toutes les émotions bloquées et retenues en elle.
Pour finir, on utilise des recadrages positifs en insistant sur le fait que ce n’est pas sa faute, qu’elle n’est en rien responsable. On utilise également des phrases positives : « j’accepte ces sensations et je m’en libère ». Je finis par stabiliser ce souvenir et mettre une protection grâce à une visualisation puissante : mettre dans un coffre-fort ce souvenir.
J’enchaine sur des exercices énergétiques comme la gamme des 9 actions et la routine énergétique de Donna Eden. A la fin, la patiente peut raconter son histoire de viol dans son intégralité sans aucune intensité émotionnelle. La patiente se sent libérée de ce souvenir. Durant la séance, on boit beaucoup pour accompagner le travail énergétique.
En fin de séance, la praticienne donne une fiche sur l’EFT avec l’illustration des points de la ronde pour que la patiente puisse accompagner les émotions qu’elle ressent sur le moment présent au quotidien. L’EFT est un bel outil d’accompagnement des émotions avec une approche corps et esprit. L’EFT a permis à cette patiente de libérer la charge émotionnelle négative en lien le souvenir de son viol alors que plusieurs séances d’une autre thérapie ne lui avait visiblement rien apporté. Grâce à cette seule séance, la patiente ne fait plus de violents cauchemars sur son viol et a repris son élan vital. Comme le souligne Alexandra Julien auteur thérapeute : « Rien n’est infranchissable. Pas même les barrières que l’on se met soi-même. »
Émilie Volo, infirmière en psychiatrie et praticienne EFT Clinique
- IFPEC : wwwifpec.org
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