• 24 novembre 2021

  • Auteur Contributeur pour l'IFPEC

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L’EFT fait une entrée réussie en Algérie

L’histoire de l’Algérie n’est pas « un long fleuve tranquille », elle est marquée par les guerres, les invasions, les catastrophes naturelles avec leur lot de souffrances et de traumatismes subis par les algériens depuis bien longtemps et qui sont souvent transmis à travers les générations. Ces événements traumatiques et, à la fois douloureux, ont également jalonné l’histoire algérienne récente. L’apport d’une méthode thérapeutique telle que l’EFT est un plus indéniable pour traiter les traumas dans ce pays, comme en témoigne dans cet interview qui s’est déroulée dans le cadre du Congrès “Trauma, Attachement et résilience” organisé par Quantum Way en avril dernier, Leila Hassas Boumghar, docteur en psychologie clinique, psychothérapeute à Alger et formatrice EFT. Jean-Michel Gurret : Quelle est la situation de l’Algérie et des Algériens au niveau psychologique ? Leila Hassas Boumghar : Depuis la moitié du siècle dernier, notre pays a connu des événements où la mort et la souffrance étaient très présentes : La guerre d’indépendance de 1954 à 1962, Les tremblements de terre : d’abord celui de septembre 1954 à El Asnam, une ville pas loin d’Alger, appelée aujourd’hui Chlef, qui a fait plus de 1300 morts et 5000 blessés, celui d’octobre 80, qui a détruit […]

L’histoire de l’Algérie n’est pas « un long fleuve tranquille », elle est marquée par les guerres, les invasions, les catastrophes naturelles avec leur lot de souffrances et de traumatismes subis par les algériens depuis bien longtemps et qui sont souvent transmis à travers les générations. Ces événements traumatiques et, à la fois douloureux, ont également jalonné l’histoire algérienne récente. L’apport d’une méthode thérapeutique telle que l’EFT est un plus indéniable pour traiter les traumas dans ce pays, comme en témoigne dans cet interview qui s’est déroulée dans le cadre du Congrès “Trauma, Attachement et résilience” organisé par Quantum Way en avril dernier, Leila Hassas Boumghar, docteur en psychologie clinique, psychothérapeute à Alger et formatrice EFT.

Jean-Michel Gurret : Quelle est la situation de l’Algérie et des Algériens au niveau psychologique ?

Leila Hassas Boumghar : Depuis la moitié du siècle dernier, notre pays a connu des événements où la mort et la souffrance étaient très présentes :

  • La guerre d’indépendance de 1954 à 1962,
  • Les tremblements de terre : d’abord celui de septembre 1954 à El Asnam, une ville pas loin d’Alger, appelée aujourd’hui Chlef, qui a fait plus de 1300 morts et 5000 blessés, celui d’octobre 80, qui a détruit cette même ville, à 80%, avec plus de 3000 morts, près de 8000 blessés retrouvés sous les décombres et plusieurs centaines de disparus, puis le séisme du 21 octobre 2003 à Boumerdès, à l’est d’Alger dont le bilan des pertes humaines était de près de 2300 morts et plus de 10 000 blessés.
  • Les inondations du 10 octobre 2001 à BEO, au centre d’Alger, ont fait plus de 700 morts et une centaine de disparus.
  • La décennie noire des années 1990, durant laquelle le peuple a connu toutes sortes de violences et d’horreurs : assassinats individuels et collectifs, attentats à la bombe, kidnappings, viols… le bilan de cette décennies est estimé à pas moins de 150 000 morts, ainsi que des milliers de disparus, un million de personnes déplacées et des dizaines de milliers d’exilés.

Tous ces événements ont laissé chez les algériens des traces, parfois indélébiles et des blessures béantes, qui aujourd’hui encore génèrent des troubles et des souffrances qui atterrissent dans nos consultations.

JMG : Quelle est ta réalité de psy et de celle de tes collègues ? Comment abordez-vous cette situation ? 

LHB : Mes collègues psychologues algériennes et algériens ainsi que moi-même avons été formés dans l’approche psychodynamique, freudienne. En matière d’intervention, nous ne disposions, comme outil, que de l’entretien clinique, qui avait quand-même des effets thérapeutiques. On a commencé à parler de trauma, de trouble de stress post-traumatique (PTSD) vers la fin des années 1990, suite aux attaques terroristes de certaines localités qui ont fait des centaines de victimes.

A l’époque, les psy algériens n’étaient pas outillés pour de telles interventions. Aussi des programmes de formation ont été lancés, sur le traumatisme, au profit des professionnels de la santé mentale, psychologues et psychiatres travaillant dans les structures étatiques ou dans le mouvement associatif avec le soutien d’institutions internationales. J’ai moi-même bénéficié, avec un groupe de collègues, d’une formation au centre de psychologie de crise de Bergen en Norvège, dont l’équipe de formateurs s’est déplacée par la suite en Algérie, dans le cadre d’un programme de coopération entre le gouvernement algérien et l’UNICEF. De même que le Pr Louis Crocq s’est déplacé à Alger pour une autre formation au profit d’un plus grand groupe de professionnels. Par la suite, une PGS (Post-graduation spécialisée) trauma a été organisée, à l’université d’Alger, animée par des psychologues et des psychiatres en exercice.

Les interventions alors se limitaient à des entretiens de soutien psychologique, des groupes de parole et des séances de debriefing.

Par définition, le debriefing est une intervention qui est censée se faire dans les tous premiers jours qui suivent la survenue de l’événement traumatique, c’est-à-dire en péri ou post trauma, or, l’intervention des psychologues et des psychiatres, à ce moment là était lancée au mieux, quelques semaines plus tard, avec des intervenants qui n’y étaient pas forcément formés ou qui n’ont bénéficié que d’une initiation dans le domaine. Beaucoup d’entre eux travaillaient avec le peu de ressources dont ils disposaient, les psychiatres recourant, pour la plupart, à la médication et les psychologues faisant feu de tout bois.

Aujourd’hui, nous disposons d’un bon nombre de psychologues et de psychiatres formés dans différentes techniques psychothérapeutiques, à l’instar de l’approche systémique, les TCC (thérapies cognitivo-comportementale), l’hypnose, la relaxation, l’EMDR et l’EFT, en plus de l’approche psychodynamique qui reste la référence pour un nombre non négligeable de praticiens. Mais il faut dire qu’à ce jour, la majorité des praticiens, j’entends par là les psychiatres, ont recours à la médication et même ceux formés aux psychothérapies, privilégient encore la prescription de médicaments.

 

Dans la prise en charge du trauma, la technique la plus utilisée est l’EMDR, pour ceux qui y sont formés, et depuis peu, l’EFT Clinique.

L’EMDR est utilisée en Algérie depuis environ une douzaine d’années suite à l’organisation, en France de la première formation en Mai 2009, de 25 psychologues et psychiatres algériens, qui a été suivie d’autres sessions organisées en Algérie. Nous disposons aujourd’hui d’un peu plus d’une centaine de professionnels formés à l’EMDR.  

JMG : Pourrais-tu nous donner des exemples concrets qui représentent les troubles de ta patientèle ?

LHB : J’ai une consultation tout venant, donc je reçois des consultants pour des motifs très variés : troubles anxieux, TOC (troubles obsessionnels compulsifs), violences familiales et conjugales, troubles sexuels, troubles des conduites alimentaires, problèmes d’estime de soi et de confiance en soi, troubles somatoformes ou somatiques à l’instar des douleurs, vertiges, acouphènes mais également des maladies chroniques, des maladies auto-immunes et des maladies graves telles que le cancer. 

Mais ce qui est important à noter c’est que les traumatismes simples ou complexes sont très présents dans plus de 70% des cas, de même que je note une forte présence de problématiques de deuils et surtout des deuils traumatiques. 

Bon nombre de mes patients arrivent chez moi après avoir consulté d’autres thérapeutes, certains d’entre eux sont exclusivement sous traitement médical et désirent arrêter les médicaments ou alors n’ont pas vu leur état s’améliorer, ils sont soit orientés par des médecins ou bien par d’anciens patients déjà traités à ma consultation.

Ce que je voudrais noter c’est que souvent les traumas n’apparaissent pas comme motif de consultation mais je les découvre lors de mes investigations.  D’ailleurs je dis souvent : le patient vient avec un arbre, mais il faut que je cherche car je ne sais pas si derrière cet arbre se cache une forêt et c’est souvent le cas, et lorsque c’est le cas, quelle est la densité de cette forêt ?

Par exemple, quand j’ai reçu mon premier cas de TOC, je venais d’achever ma formation en TCC et j’ai commencé à le traiter dans cette technique et c’est au fil des séances que j’ai découvert que la patiente avait vécu plusieurs traumas, là, il est vrai qu’avec les TCC, on avait bien avancé dans la thérapie, mais elle s’inventait à chaque fois de nouveaux TOC et ce n’est que lorsque l’on est remonté au trauma d’origine et qu’on l’a traité que cela a cessé. 

J’ai eu aussi un cas de phobie de l’avion, derrière lequel se cachait un deuil traumatique du frère kidnappé puis assassiné au bout d’une semaine, et qui s’était produit 7 ans plus tôt.

J’ai reçu des cas de trauma ou de deuils traumatiques qui remontent à la période du terrorisme (soit un proche assassiné par les terroriste ou alors parfois des personnes traumatisées par les récits de scènes d’horreur commises à ce moment-là). J’ai eu aussi à traiter des traumatismes liés aux catastrophes naturelles telles que le séisme de 2003 et les inondations de 2001.

Les traumas sexuels sont aussi très présents mais bien souvent, ils se cachent derrière d’autres troubles tels que les troubles anxieux ou les TOC, notamment ceux liés à la propreté ou la peur de la contamination et les obsessions à caractère sexuel ou religieux. Cette découverte m’a appris à rechercher quasi systématiquement le trauma derrière des demandes où cela n’est pas explicité et, le plus souvent je trouve.  J’en suis arrivée à me dire que tout le monde est traumatisé.

JMG : Comment fais-tu pour débusquer ces traumatismes qui bien souvent sont non-conscients ?

LHB : Il y a d’abord l’entretien d’investigation qui, pour moi, est comme un travail de détective.

En thérapie, j’opère par le pont d’affect pour remonter à la source par un float-back mais ce n’est parfois pas évident, et là je recours au test énergétique (issu de la kinésiologie) qui s’avère, pour ma part en tous cas, très utile. D’ailleurs, grâce à ce test, j’ai pu remonter par exemple à des traumatismes prénataux que j’ai pu traiter par la suite.

JM : Comment faisais-tu avant d’avoir ces outils énergétiques  ?

LHB : Avant, je ne savais pas traiter. J’étais dans l’approche classique, d’obédience plutôt psychodynamique, c’était long et je dirai même un peu laborieux, il s’agissait, pour moi, d’instaurer une bonne alliance thérapeutique et un climat sécurisant et de faire verbaliser au sujet, sa souffrance, de l’aider à exprimer ses ressentis, l’apaiser et l’aider, un tant soit peu, à accepter ce qui est arrivé, gérer et vivre avec. Aujourd’hui, avec le recul et toutes les techniques et outils que j’ai pu acquérir, j’arrive à traiter de façon efficace et bien plus rapide.

JMG : Quelles sont ces techniques ?

LHB : Je travaille en général de manière intégrative et je mets au point des protocoles adaptés à chaque situation où, en fonction du besoin, je fais appel aux TCC, gestion du stress, hypnose, thérapies énergétiques etc. Mais s’agissant de trauma, j’interviens en EFT et Matrix Reimprinting ou REM (Reconsolidation énergétique des Mémoires).

JMG : Comment tu traites les traumas aujourd’hui en détail ?

LHB : A partir de la symptomatologie, je vais à la recherche de la cible source ou l’origine du problème à partir du déclencheur et là j’opère un pont d’affect pour remonter à cette cible, comme je l’ai déjà dit, il m’arrive, au besoin, d’utiliser le test psycho-énergétique si je suis bloquée et si la personne n’a aucun souvenir conscient. Une fois la cible trouvée, je connecte la personne avec l’événement traumatique et je le désactive en EFT et, le plus souvent, je complète mon traitement avec une séance de reconsolidation énergétique.

Il est utile de noter que j’approche le trauma avec beaucoup de précaution, j’installe au préalable des ressources telles que le lieu de sécurité quasi-systématiquement avant d’entamer le travail, puis j’utilise les techniques douces telles que le trauma sans larmes avant d’aller confronter la personne avec l’événement vécu.

Une autre technique qui, pour moi, est très utile est la technique du coffre-fort : souvent les personnes que j’ai à voir viennent avec  beaucoup d’évènements traumatiques, avant de travailler sur un des événement, je fais mettre au coffre tous les événements, toutes les situations traumatogènes ainsi que leur impact actuel qu’il soit émotionnel ou cognitif, cela apporte déjà un grand soulagement à la personne qui se sent plus légère et de cette manière,  j’isole l’événement à traiter pendant que les autres vont attendre sans risque et sans hâte le bon moment de les sortir, et bien souvent après avoir traité un certain nombre d’entre eux, on découvre un coffre vide ou presque.

Je voudrais dire à cet effet, que ma formation aux thérapies des états du moi a été très utile, car elle m’a permis d’en apprendre beaucoup sur les parts du moi, à les reconnaître, à dialoguer avec elles et, le cas échéant, à les faire dialoguer entre elles dans le cadre de mon travail thérapeutique.

D’un autre côté, il arrive que la personne soit confuse quant à l’événement à sortir du coffre qui est déjà plein, là aussi, je lui dis de laisser son inconscient choisir et de glisser simplement la main dans le coffre et la laisser prendre ce que l’inconscient aura choisi. Et là, on a des choses étonnantes qui sortent, des événements par exemple que la personne a complètement oubliés.

JMG Quel a été ton premier cas de trauma traité avec l’EFT ?

LHB : Je venais de finir ma formation de technicienne EFT Clinique à l’IFPEC, donc j’étais vraiment à mes tous débuts, le lendemain de mon retour de la formation, je reçois une femme de 44 ans, complètement anéantie, qui s’est présentée accompagnée de ses 2 sœurs. Elle était suivie pour syndrome dépressif avec phobie sociale depuis une dizaine d’années en psychiatrie, puis par un neurologue qui l’avait mise sous traitement médical mais sans aucun résultat.  Dès la première séance, elle déclare avoir été, pendant plusieurs années, victime d’attouchements sexuels incestueux puisque l’auteur n’était autre que son frère aîné alors âgé de 20 ans alors qu’elle n’en avait que 13. Facteur aggravant, quand elle est allée en parler à sa mère, cette dernière l’a sommée de se taire et menacée de retourner la situation contre elle, protégeant ainsi le frère coupable. Elle a vécu ce calvaire, dans la solitude la plus totale,  jusqu’à son mariage et pour combler le tout, une année après son mariage, c’est son beau-frère qui se met à la harceler. Par ailleurs, elle était sans enfant, ses trois grossesses ayant été interrompues involontairement (fausses couches).

J’ai traité ce cas exclusivement en EFT, cela s’est fait en 10 séances, après avoir traité les différentes scènes qu’elle a rapportées, le résultat était juste époustouflant pour moi qui découvrais cette technique en tant que thérapeute, dès les premières séances, je voyais ma patiente se transformer sous mes yeux, s’apaiser, renouer avec le monde extérieur, acquérir de l’assurance et vers la fin, je ne la reconnaissais plus, elle déclare être devenue une autre personne, qu’elle s’est réconciliée avec son corps et me demande de travailler avec elle sur ses fausses couches car  elle se sentait désormais prête à porter et mettre au monde un enfant. « Ce n’était pas possible avant car mon corps est resté figé à 13 ans, comment une gamine de 13 ans peut-elle être maman ? 3 séances ont suffi pour traiter ses trois avortements , tous traumatiques.

Six mois après la fin de la thérapie, elle m’appelle au téléphone pour m’informer qu’elle allait bien et qu’elle attendait un bébé. Quelques mois plus tard, sa sœur m’appelle pour m’informer de la naissance d’un petit garçon, puis elle a continué à m’appeler périodiquement pour me donner des nouvelles du petit qui a commencé à marcher, à parler et de son intention de faire une deuxième grossesse. Sa relation avec son époux, qui avait subi les contrecoups de son état, s’est fortement apaisée et renforcée. « Aujourd’hui, j’aime mon mari, je suis une maman comblée, ce que tu as fait pour moi n’a pas de prix ».

Des dizaines de cas ont suivi et grâce à l’EFT, j’ai pu les traiter avec succès et de façon durable. Aujourd’hui je suis formée à d’autres techniques, ce qui élargit la marge de manœuvre et me permets d’être plus créative, car, je le dis toujours, notre travail est un véritable travail de créativité, car on sait d’où on part mais on ne sait jamais où on va aboutir et on est appelé à s’adapter aux différentes situations qui se présentent à nous. Ce métier requiert un savoir, un savoir-faire, un savoir-être et un savoir devenir et c’est cela que nous faisons au quotidien. 

JMG : Quid de la formation EFT en Algérie ?

LHB : Comme tu le sais, c’est moi qui ai fait rentrer l’EFT en Algérie et cela n’a pas été facile, il y avait énormément de détracteurs et d’opposants à ces approches dans le milieu et il y ‘en a encore beaucoup qui considèrent cela comme des pratiques charlatanesques qui n’ont rien de scientifique. La plupart des collègues restent hermétiquement fermés et refusent même d’écouter les arguments en faveur de ces approches et réfutent toute discussion au sujet des études et travaux scientifiques qui montrent leur efficacité. Et ce, même s’ils me reconnaissent pourtant comme une bonne clinicienne…

Il m’a donc fallu un an et demi pour réussir à faire passer l’idée de l’organisation de la conférence que tu es venu donner en Algérie sur l’EFT et la psy énergétique en . A la suite de cette conférence, nous avons pu organiser deux sessions de formation à l’intention d’un groupe de psychologues et de psychiatres algérien (55 en tout). J’ai eu le plaisir de t’assister dans ces formations et d’intervenir comme co-formatrice puis tu m’as désignée formatrice et superviseuse de l’IFPEC et tu m’as encouragée à prendre le relai toute seule. J’ai dû attendre la soutenance de mon doctorat pour le faire et aujourd’hui je suis à ma cinquième promotion de psychologues et psychiatres que je forme à l’EFT Clinique.

JMG : Depuis que tu formes à l’EFT, qu’en pense tes stagiaires ? quel est leur feed-back ?

LHB : Comme je viens de le dire, je suis à ma cinquième promotion et là, les personnes que je forme sont juste émerveillées, elle sont unanimes à dire : c’est incroyable, c’est magique, elles sont étonnées par l’efficacité, la rapidité et la durabilité des résultats. Une anecdote : j’étais au supermarché quand j’ai reçu un coup de fil d’une de mes stagiaires qui était tout excitée et qui me dit « Leïla, je t’adore, je n’en reviens pas, je viens de faire de l’EFT à quelqu’un, je n’en reviens pas, j’ai vu le résultat dès la fin de la séance, tout est parti, je n’en reviens pas, merci Leïla, je t’adore ».

Bon nombre de mes stagiaires sont déjà thérapeutes et pratiquent d’autres techniques, l’EMDR surtout. Quand j’en parle avec eux, ils me disent que c’est aussi efficace sauf qu’avec l’EFT, ça va plus vite et ce qui leur plaît c’est que c’est plus souple, et du coup ils ont tendance à travailler plus souvent en EFT.

J’en ai eu d’autres qui m’ont déclaré avoir commencé à travailler en EMDR avec des patients et qu’à un moment donné ils ont bloqué alors ils ont basculé en EFT et ils ont pu avancer. Du coup, ils passent de l’EMDR à l’EFT en fonction des besoins.

JMG : Quelle est ton expérience au niveau de la rapidité de l’EFT Clinique ?

LHB : Il m’est arrivé de traiter des cas en une séance ou deux, des traumas simples et récents par exemple. Mais ce n’est pas toujours le cas. Je voudrais parler de cette patiente que je prends en charge depuis 4 ans. Elle exprime sa demande en déclarant : je viens pour un problème que je traine depuis mon enfance, je l’ai dépassé mais il s’est répercuté sur ma vie de couple. Je suis stressée, je voudrais le dépasser parce que j’ai développé une spondylarthrite ankylosante et je fais beaucoup de poussées inflammatoires ». Au fil des séances, je découvre une longue histoire traumatique et une dissociation structurelle.

Je l’ai traitée en EFT et après y avoir été formée, j’ai introduit Matrix Reimprinting, qui est une méthode de reconsolidation énergétique des mémoires en utilisant l’EFT et des scénarii réparateurs ainsi que de l’auto-parentage. On est loin aujourd’hui, de la personne que j’ai reçue, il y a 4 ans. Voici ce qu’elle me déclare à l’une de nos toutes dernières séances : « Aujourd’hui, je suis connectée, mais je suis toujours sur le qui-vive, tout le temps en état de vigilance, comme si j’étais tout le temps en danger… Là, je me sens bien, au bon endroit, je sens mieux mes émotions, je comprends mieux… Avant, je ne comprenais pas ce qui se passait, par exemple, avec mes sœurs,, avec les autres, je ne me sentais pas avec eux.. Là, je suis contente car je suis avec les gens. Avant, je regardais la vie comme un film, maintenant, je perçois les événements et les autres, je suis avec eux. Avant, ni j’étais triste, ni j’étais heureuse… Depuis que je fais cet exercice (lieu de sécurité), c’est comme si je m’isolais pour me reposer un peu… 

Là, je me sens en danger, avant c’est comme si j’étais dans une bulle, j’étais protégée, là maintenant, je me sens exposée…

Psy :Vous percevez le monde comme dangereux ?

Sujet : de moins en moins je le sens dangereux mais moi, je suis en mode danger, même seule, je suis en état d’alerte.

Psy : c’est plus difficile maintenant?

Sujet : ce n’est pas difficile, en fait, c’est difficile mais le bénéfice que j’en tire est plus grand : j’ai plus de contact avec mes enfants, plus d’échanges avec les gens qui m’entourent, je me sens vivre, je suis plus dans la vie, mais vu cet état, il suffit qu’il y ait un petit souci, ça prend de l’ampleur avec moi, comme si je sens que je vais être agressée, là c’est une difficulté avec bénéfice…

Parlant de ses douleurs puisqu’elle souffre d’une spondylarthrite ankylosante : Mes douleurs étaient mon seul contact avec la réalité… j’avais besoin de ce fond de douleur qui était une sécurité pour moi, qui me permettait de me sentir en vie, comme si ça me laissait éveillée, ça m’empêchait de partir et c’était une façon pour moi de rester en contact… Maintenant, c’est resté un peu, cette notion de bouée… j’ai peur du moment où je me sentirai sans douleur. Là, j’aimerais bien avoir de moins en moins mal jusqu’à ne plus avoir mal du tout, mais j’ai peur de me détendre et de me sentir plus vulnérable…

C’est l’état d’insécurité qui ne me permet pas de lâcher prise et d’aller mieux… c’est la maladie qui me rend service, mais c’est la peur que j’ai du nouveau monde qui fait que je garde cette maladie… la maladie pour moi, c’est devenu secondaire, je sais que si j’ai moins peur, ça va s’estomper et c’est vrai que ça s’est estompé un peu, c’est devenu moins intense, plus espacé…maintenant, je ne m’accroche plus à la maladie, je sais qu’elle peut partir, c’est une conséquence physiologique de ce que j’ai… avant je me sentais envahie par la maladie, je n’avais pas d’émotions c’est comme s’il y avait un intermédiaire entre moi et la maladie… la maladie dépend de mon état actuel…

Je sentais essentiellement deux parts, j’avais pris la décision de me laisser grandir et c’est cela qui m’a permis de faire des études etc. et je me disais qu’à ce moment-là, je pourrai comprendre… C’est comme si j’ai pris un train et je me suis dit qu’à l’arrivée, je vais essayer de comprendre et peut-être d’arranger ça et, en fait, c’était comme si j’étais sortie du monde et c’est cette décision qui fait que je ne me souviens pas du tout de cette période, du primaire jusqu’à la fac : les élèves, les profs etc. Mais je me souviens du jour où j’ai décidé… pour ne pas aller dans l’irréel, l’illogique, je ne sentais pas qu’il y avait 2 parts, c’est le jour où on a travaillé la scène de l’abandon à l’école que j’ai compris cela… A ce moment-là, je sentais qu’il y avait un conflit, c’est comme de l’autisme, je me sentais moi, rentrer en moi-même, je me suis isolée du monde, mais je l’ai décidé… mais après, ça m’a dépassée… j’ai décidé de sortir mais il ne m’appartenait pas de revenir… c’était qu’un jour, je voulais comprendre ce qui se passait, même pas le pourquoi… Après c’était monotone, je ne sentais rien… faire des études, c’était pareil que si j’étudiais à la maison, sauf que je sortais, mais je ne comprenais pas, c’est pour ça que maintenant, je me sens dépassée, agressée… j’ai besoin de soutien social, je comptais sur mon mari, mais là avec sa maladie, c’est un peu compliqué… ».

Cette patiente est toujours en thérapie, elle a fait d’énormes progrès, mais il reste encore du travail à faire avec elle et elle est motivée à poursuivre ce travail. 

JMG : Alors quel est ton challenge à ce jour ?

LHB : L’EFT et la psy énergétique ont bouleversé ma pratique clinique, j’ai une toute autre vision des choses et j’approche mes patients différemment. Mon travail est beaucoup plus efficace, pas toujours facile mais très efficace. Mon challenge c’est de semer l’EFT et la psy énergétique partout en Algérie et, pourquoi pas, dans toute la région, je m’y attèle en organisant des formations pour les psychologues, les psychiatres et tous les professionnels de la santé et la relation d’aide. Je suis également en train de préparer un livre sur l’EFT avec des illustrations cliniques. Avec quelques collègues que je forme, dont certains sont enseignants chercheurs à l’université, je projette de lancer des études cliniques à partir des cas que nous traitons avec des évaluations pré et post-thérapie mais ça c’est sur le moyen terme. Pour l’instant, je mets le paquet sur la formation.

 

par Leila Hassas Boumghar, docteur en psychologie clinique, psychothérapeute à Alger et formatrice EFT

Photo de profil - Jean-Michel GURRET

Auteur de l’article

Jean-Michel Gurret est psychothérapeute « officiel », inscrit sur le fichier Adeli, formé en TCC (Thérapies Cognitivo-comportementales), expert en EFT Clinique et spécialiste en psychologie énergétique. Fondateur et Président de l’IFPEC, la première école française de formation à l’EFT Clinique, Jean-Michel Gurret est inscrit au registre des psychothérapeutes, auteur de plusieurs livres, conférencier et formateur certifié en Emotional Freedom Techniques (EFT).

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